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Flibustier et droit de vote double

Publié le par Jérôme Libeskind

Flibustier et droit de vote double

Toute cette affaire part d'une bonne intention. Mais comme on le sait, l'enfer en est pavé.

Les droits de vote double. Kesako ? Tout actionnaire qui reste plus de deux ans au capital d'une entreprise peut avoir des droits de vote double. En clair : j'ai 1 % du capital, mais je peux peser 2 % lors de l'AG et donc valoir plus que les autres actionnaires, ceux qui sont là depuis moins longtemps.

Une façon de combattre cette finance (vous savez celle qui n'a pas de visage). Éviter que ces spéculateurs ne fassent des allers-retours au sein du capital des entreprises avec comme unique perspective de juteuses plus-values.

Bref, essayer de mettre un peu de morale dans l'économie de marché. Légitime ? Certainement ! Sain ? Assurément ! Enfin tout dépend de la méthode.

Déjà, le gouvernement a choisi la loi Florange pour mettre en place cette histoire de droit de vote double. Une loi dont le nom fleure bon la lutte des classes. Pas très adroit en terme de com'.

Ensuite, tout est laissé à l'appréciation de l'entreprise. A l'AG de décider. Vous me direz logique, c'est la démocratie de l'entreprise. Dont acte.

Mais alors, que penser du cas Renault ? Dans cette affaire, le gouvernement profite de tout ce qu'Emmanuel Macron a appris lors de son passage dans les banques d'affaires. J'emprunte les titres de l'entreprise à une grande banque. Je les garde jusqu'à l'AG le temps de faire passer la résolution sur les votes doubles puis je rends les titres à leur propriétaire. Un aller-retour peu coûteux avec du pouvoir supplémentaire sonnant et trébuchant en retour.

Malin me direz-vous ? Oui très, hyper habile même. Sauf que si, au hasard, un fonds américain avait utilisé cette méthode pour monter au capital de Renault dans le même but, et bien le même Emmmanuel Macron et l'ensemble des politiques auraient crié au loup en traitant le dit fonds tour à tour de profiteur, d'ogre de la finance ou de flibustier.

Mais aujourd'hui, tant pis si Carlos Ghosn s'estime lésé. Si le patron de Renault, celui qui a si bien redressé l'entreprise, celui qui est constamment sous pression pour chaque décision industrielle, s'est dit contre, parce que cela remet en cause l'équilibre, ô combien important de ses relations avec Nissan.

Faut-il faire fi des arguments du patron ? Faut-il se dire que l’État, parce qu'il est l’État a le droit de faire cela contre l'avis de l'entreprise ? Certains se réjouissent déjà de cette marque de fermeté de la part de Bercy et de son pilote. Pas sûr que sur le long terme, les dégâts engendrés ne soient pas supérieurs aux bénéfices immédiats. Mais on le sait, vision de long terme et finance ne font pas toujours bon ménage :-)

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