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Fiscalité : si tu avances, si tu recules, comment veux-tu que l'on investisse ?

Publié le par Jérôme Libeskind

Fiscalité : si tu avances, si tu recules, comment veux-tu que l'on investisse ?

Les locataires de Bercy doivent décidément adorer le tango. Ce week-end, ils nous ont encore offert un numéro magnifique. Après avoir envoyé vendredi soir (cf post précédent) un communiqué qui justifiait la réforme de la taxation de l'épargne, ils ont reculé samedi matin pour vider cette réforme, sociale disait-il, de son contenu.

Cette séquence montre une chose. Que Bercy fait les choses dans l'urgence. Ah, il faut trouver 450 millions d'euros pour la Sécu ! Et bien taxons n'importe quoi n'importe comment du moment que le compte y est.

Sauf que la fiscalité n'est pas un jeu et a fortiori pas un jeu dont on peut changer les règles tous les matins.

Je ne vais rien vous apprendre, l'ensemble des entrepreneurs le dit : ils ont besoin de STABILITE fiscale. Que les impôts aient besoin d'augmenter, tout le monde peut le comprendre, à défaut de l'accepter. Mais que l'on annonce la couleur et qu'on s'y tienne. Et surtout avant de décider une nouvelle taxe, un nouvel impôt, un énième relèvement de taux de je ne sais quoi, il serait bon de réfléchit à l'impact que cela peut avoir sur notre économie.

Remplacer les taxes sur le chiffres d'affaires, super idée, mais inventer une taxe sur l'excédent brut d'exploitation, catastrophe. Pourquoi ? Parce que cela va pénaliser les investissements.

Changer les taux de prélèvements sur l'épargne de façon rétroactive ? Cela casse la base de tout investissement qui est la visibilité. Avant de mettre mon argent quelque part, il faut que je sache exactement quel est mon niveau de risque, ce que je vais payer comme impôt et combien ca peut éventuellement me rapporter. Si on m'annonce une règle au début du jeu et qu'elle change en cours de route, je garde mon argent sous mon matelas.

Bref, tout ceci c'est de l'improvisation totale. Tout le monde a conscience aujourd'hui (pour peu qu'il s'intéresse au sujet) qu'il faut une VRAIE réforme de la fiscalité. Tout le monde a aussi conscience que plutôt que succomber à la taxite aiguë, il y a sûrement encore des économies à faire. Dans les deux cas, cela demandera des sacrifices à tous les Français. Et on le sait, demander des sacrifices à des électeurs à quelques mois des municipales, c'est compliqué. Mais là, ce n'est pas un mandat politique qui se joue, c'est l'avenir économique de notre pays. La production, l'investissement de nos entreprises, et donc la création d'emploi. La façon dont les ménages auront à nouveau envie de consommer et d'épargner non dans un studio, mais dans une start-up qui sera peut-être le Google de demain.

C'est à cela qu'il faut s'atteler et vite. Alors fini le tango. Mettons-nous à la valse. Faisons tourner les méninges de ce pays et fixons une ligne claire une fois pour toute. Parce que sinon, nous serons tels les chanteurs de tango. Beaux et fiers, mais toujours en train de chanter des choses tristes et de pleurer sur ce que l'on a perdu.

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