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Alstom : et s'il ne fallait pas être un fleuron ?

Publié le par Jérôme Libeskind

Alstom : et s'il ne fallait pas être un fleuron ?

C'est un feuilleton comme seul le capitalisme français sait nous l'offrir. Alstom, Arnaud Montebourg, Martin Bouygues, un pseudo-méchant américain et un pseudo-chevalier blanc allemand. Ce serait un casting de rêve si la chronique n'était au fond pas aussi triste.

Parce qu'au fond Alstom c'est quoi ? C'est un groupe né de la scission de la Compagnie générale d'électricité qui n'a jamais totalement réussi à trouver son modèle.

Il y a 10 ans, le groupe était au bord de la faillite. Exangue. Patrick Kron arrive à sa tête. Et presque en même temps, l'Etat, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy entre au capital du groupe pour 800 millions d'euros.

2007 : l'Etat revend ses parts à Bouygues pour 3 milliards. Belle affaire. Sauf que derrière, il y a un plan. Marier Alstom et Areva pour en faire un leader français qui soit le champion mondial du nucléaire. C'est pour cela que Bouygues est entré au capital du groupe.

Sauf que le plan n'aboutit pas. Pour plusieurs raisons. Mais la principale c'est l'opposition farouche d'Anne Lauvergeon, patronne d'Areva de l'époque, qui ne voulait pas que l'on confie le nucléaire français à une famille (Bouygues en l'occurence), fût-elle celle du parrain du Président de la République en exercice.

Oui mais voilà, Alstom n'intéresse Bouygues que parce qu'il y a le nucléaire. Sans ça, le géant du BTP ne voit aucun intérêt à en être actionnaire et le fait d'ailleurs savoir assez vite (en tout cas quand Alstom est lui aussi frappé par la crise).

Bouygues veut sortir du capital. Mais à qui vendre ? Et quoi vendre ? Aujourd'hui la réponse est clair : ce qui a de la valeur, parce qu'il y a des acheteurs ce sont les activités énergies.

A qui les vendre ? GE : partenaire historique, installé en France, débordant de cash et géant industriel.

Les négociations sont lancées, dans le plus grand secret.

Et c'est la que le bât blesse. Parce que personne n'a informé le gouvernement et en particulier Arnaud Montebourg. Sauf ce que ce même Arnaud Montebourg se démène pour que Bouygues remporte SFR face à Numéricable. SFR que Bouygues a bien l'intention de payer en partie avec l'argent qu'il va retirer de la cession d'Alstom à GE.

L'intervention soudaine de l'Etat, l'arrivée de Siemens dans le jeu, le report de 48h de la décision du Board d'Alstom, la réception à l'Elysée du patron de GE pour calmer le jeu etc etc, tout ceci part donc d'un accès de colère de notre bouillonnant ministre de l'Economie (certainement partagée par l'Elysée et Matignon).

Bref, tout ce qui s'est joué aujourd'hui est en partie du théâtre.

Le problème, c'est que la politique industrielle de la France est gérée comme ça depuis des années, à la petite semaine.

Aujourd'hui, Marc Simonicini a tweeté : "finalement la pire erreur que peuv ent faire un entrepreuneur ou un industriel serait de réussir à bâtir "un #fleuron" sous entendu, être un fleuron c'est l'assurance que le pouvoir s'en mêle et c'est donc le début des emm...

Je crains que Marc Simoncini n'ait raison. Et ça en dit long sur le problème que la France a avec l'industrie, l'ambition et la réussite.

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